Récapitulons tout ce qu’il a dit : « Je suis bien malheureux. Je ne puis vous parler aujourd’hui. Il m’est impossible de venir au jardin. »
Allons, suivez-moi, Laura ; (à Frédéric.) et vous, ne tardez pas à venir.
Est-il un amour plus malheureux !
Est-il un sentiment plus indigne !
Est-il une jalousie plus visible !
Par où donc pourrai-je sortir sans risquer d’être rencontré par mon maître ? Mais j’ai beau dire et faire, le voici.
Fabio ?
Pardon, monseigneur.
Pourquoi donc me fuis-tu ? (À part.) Je suis forcé de dissimuler avec ce drôle.
C’est que je crains que ce maudit démon qui vous parle à l’oreille ne vous ai dit encore quelque fausseté sur mon compte.
Je sais maintenant la vérité ; je sais que tu m’as été fidèle.
Je crois bien !… Plût à Dieu que certaines gens l’eussent été autant que moi avec la ville de Madrid[1].
Je veux, pour te dédommager, te donner un habit.
À moi ! un habit ?
Oui, à toi.
En ce cas, puissiez-vous dans l’autre monde avoir l’âme habillée d’une robe de chambre cramoisie, de chausses de cristal, et d’un surtout d’ambre gris !
Mais il faut que tu me dises quelque chose.
- ↑ Il y a ici sans doute quelque allusion à des malversations dont s’étaient rendus coupables certains administrateurs de la ville.