Ah ! vous ne savez pas à quel point m’offensent les prétentions de don Diègue.
Je le saurai bientôt ; car il faut enfin que nous sortions de ce labyrinthe confus, lui, vous, moi, mon frère et don Carlos.
Maintenant la voilà seule. — Grand Dieu ! elle pleure ! Mais qu’importe ! je vois ses larmes, et ne vois pas pour qui elle les répand.
Ô ciel ! ayez pitié de moi !
La cruelle !
Vous seul écoutez ma plainte.
La perfide !
Je ne suis point coupable, vous le savez !
L’ingrate !
Pourquoi donc Carlos m’accuse-t-il ?
Parce qu’il a vu ton inconstance et ta trahison[1] !
Hélas !
Tout aujourd’hui conspire contre moi ; je n’en puis douter, elle doit savoir que je l’entends. Mais qu’importe, après tout, puis-
- ↑ Nous avons reproduit d’une manière générale, et en abrégeant, le sens de trois strophes composées d’à-parté, de Léonor et de Carlos, qu’il nous a été impossible de traduire. Voici la première de ces strophes :
Aora sí, piadosos cielos,
— Ah zelos !
— Que solo podrán mis labios
— O agravios !
— Quexarse al viento mejor.
— O Amor !
— Quien le dirá á mi dolor
La razon que há de culparme ?
— Yo lo dixera, á dexarme
Zelos, agravio y amor,Calderon a reproduit assez souvent dans ses comédies ces tours de force de versification. Lope s’y est aussi exercé quelquefois. Enfin on en voit un exemple dans Don Quichotte, 1re partie, chap. 27.