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JOURNÉE II, SCÈNE III.

inès.

Elle est si en colère, si furieuse contre vous, qu’elle m’a défendu de recevoir de vous ni message ni billet.

don diègue.

Est-elle donc inexorable pour celui qui l’adore ?

inès.

Vous l’avez bien mérité.

don diègue.

Moi, Inès ?

inès.

Vous adorez ici… et vous portez ailleurs vos hommages.

ginès.

Quand un homme en colère dit à un cavalier qui se trouve chez lui : « Je vais vous faire jeter par la fenêtre par quatre valets, » aussitôt sa fureur s’apaise ; et toi, ta maîtresse garde rancune après nous avoir fait jeter de son balcon par sa soubrette, et si bien jeter que désormais ma fortune ne va plus qu’à cloche-pied ! — Que veut-elle de plus ?

don diègue.

Je n’aurais pas cru, Inès, que toi aussi tu fusses contre moi.

inès.

Je ne parle pas de même à tout le monde, et Dieu sait ce que j’ai déjà souffert pour avoir essayé de vous justifier.

don diègue.

Eh bien ! Inès, si tu es en effet bien disposée en ma faveur, arrange les choses, je te prie, de façon que je puisse lui parler un seul moment.

inès.

Cela n’est pas facile.

don diègue.

Compte sur ma reconnaissance ; mon amour sera généreux… et pour commencer…

Il lui donne une bourse.
inès.

Oh ! moi, je n’agis pas par des motifs d’intérêt.

ginès.

C’est connu !

inès.

Et pour vous prouver mon dévouement, je retourne dire à ma maîtresse que j’ai fait sa commission. Il est nuit… mon maître est sorti… je vais entrer la première… et laissant la porte ouverte…

don diègue.

Ah ! Inès, tu me rends la vie !

inès.

Vous pourrez entrer après moi, et ensuite advienne que pourra.