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JOURNÉE I, SCÈNE IV.

séraphine.

Je vous écoule et ne vous comprends pas. J’en suis toute inquiète Il y a ici quelque mystère.

l’infante.

Je puis, je le sais, me confier à toi. Je connais ton dévouement.

séraphine.

Je vous écoute avec une attention sans égale.

l’infante.

Viens avec moi à l’ombre de ces arbres ; là je te conterai une lamentable tragédie d’amour. Bientôt tu sauras tout. Et si par hasard tu ne me comprends pas, n’en sois pas étonnée ; car je ne me comprends pas moi-même.

Elles sortent.

Scène IV.

Un chemin dans la forêt.
Entrent BENITO et ANTONA, chantant.
antona, chantant.

Le joyeux Morales
S’en allait à cheval,
Avec une bride de joncs
Et des éperons de bois.
Voyez ! voyez !
Regardez ! regardez[1] !

benito, chantant.

Comme il passait par le chemin,
Il vit sur l’arbre une fillette.
Et en voulant lever la tête
Il se laissa tomber dans une mare.
Voyez ! voyez !
Regardez ! regardez !

antona, chantant.

Alors pour le tirer de là,
On alla chercher des cordes,
Et l’on ne l’eut pas sans peine.
Car il avait bien déjeuné.
Voyez ! voyez !
Regardez ! regardez !

benito.

Laissons un peu ça, je te prie, quoique tu chantes fameusement

  1. Luneta,
    Atala alla de la Sonsoneta.

    Ces deux vers forment le refrain de la chanson. D’après le mot luneta (orchestre d’une salle de spectacle), nous soupçonnons qu’ils étaient adressés au public ; mais il nous a été impossible de comprendre le sens du dernier vers, et nous le recommandons à de plus habiles.