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JOURNÉE I, SCÈNE III.

clara.

Oui.

don alvar.

Dans un moment ne sera-t-il pas votre époux ?

clara.

Jamais.

don alvar.

Mais quel moyen ?…

clara.

Ne m’interrogez pas.

don alvar.

Un homme à qui vous accordez votre main ne sera pas votre époux !

clara.

Et si je ne lui donne ma main que pour le frapper !… Êtes-vous satisfait à présent ?

don alvar.

Non ! car, voyez-vous, grand Dieu ! mourir dans vos bras serait le sort le plus heureux, un sort préférable à la plus belle vie !… car, doña Clara, vos bras sont si beaux ! Mais il n’aura pas un tel bonheur : c’est moi qui le tuerai.

clara.

C’est là votre amour ?

don alvar.

C’est mon honneur !

clara.

C’est là votre tendresse ?

don alvar.

C’est ma jalousie !

clara.

Entendez-vous ? les voilà qui sortent. — Ah ! que ne puis-je vous retenir près de moi !

don alvar.

Ah ! vous n’aurez point de peine à réussir.

Ils sortent.

Scène III.

Une salle de l’Alhambra.
Entrent DON JUAN DE MENDOCE et GARCÈS.
mendoce.

La colère a toujours tort.

garcès.

Vous êtes bien bon de vous justifier ! vous avez très-bien fait de lui mettre la main dessus. Il serait plaisant qu’un nouveau chrétien, parce qu’il aurait des cheveux blancs, pensât pouvoir se jouer à un Gonçalès de Mendoce !