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JOURNÉE III, SCÈNE I.

don lope, à part.

L’heure de ma vengeance est venue !

don louis, à part.

Y a-t-il un homme plus fortuné que moi ?

don lope, à part.

Il est tombé dans mes mains, et il y périra !

don louis, à part.

N’est-ce pas singulier que ce soit son mari qui me conduise à elle ?


Entre le BATELIER.
le batelier.

La barque est prête.

don lope.

Passez, seigneur cavalier.

don louis.

Non, vous d’abord, seigneur don Lope.

le batelier.

Pardon, messeigneurs, que j’entre le premier. La barque n’est attachée que par une corde qui n’est pas très-solide.

don louis, au batelier.

Non, ne craignez rien. J’attends un de mes valets ; cherchez-le nous nous reposerons pendant ce temps.

don lope.

Oui, nous nous reposerons.

le batelier.

Par où viendra-t-il, ce valet ?

don louis.

Vous le trouverez bien, par là.

Le Batelier s’éloigne.
don lope.

Entrons.

Don Lope et don Louis entrent dans la barque.
don louis, à part.

Il me mène vers sa femme !

don lope, à part.

Je le mène à la mort !

Don Lope et don Louis disparaissent.
le batelier.

Ce maudit valet ne viendra pas d’ici à vingt siècles. — Mais que vois-je ?… Ma pauvre barque !.. La corde se sera rompue !… Comme elle est loin déjà !… Les malheureux ! ils vont s’engloutir dans la mer ! Dieu seul peut les sauver !

Il sort en courant.