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JOURNÉE III, SCÈNE I.

tristan.

Le diable soit de ma duègne !

flora.

Et qu’il emporte ma guenon !

tristan.

Je ne puis jamais l’achever !

flora.

Je n’en viendrai jamais à bout !

don félix.

Que faites-vous ici, Flora, et qu’y a-t-il ?

flora.

Je voulais vous avertir que ma maîtresse se promène seule dans le jardin. Je suis venue en secret, parce que maintenant elle se méfie de tout le monde, surtout depuis que nous avons à la maison cette dame ; et, selon la circonstance, je vous dirai en chantant d’approcher ou de vous retirer. (À Tristan.) Adieu ; pensez à moi ; n’oubliez pas que vous me devez un conte pour une autre fois.

tristan.

Et vous, que vous m’en devez deux pour deux autres fois.

don félix.

Et moi, comment pourrai-je jamais reconnaître, Flora, la faveur que vous me faites ?

Flora sort.
tristan.

Ne m’apprendrez-vous pas enfin, seigneur, quel était ce revenant voilé qui s’est transformé tout-à-coup en doña Violante ?

don félix.

Nigaud ! tu ne l’as pas reconnu ?

tristan.

Non.

don félix.

Eh bien ! que t’importe ? — Mais silence, écoute.

On entend de la musique dans l’éloignement.
FLORA, chantant, du dehors.

« L’abeille voltige parmi les fleurs ; viens, amour, viens la saisir ! »

don félix.

Elle m’appelle. Attends-moi là.


Entre DON CÉSAR.
don césar.

Où donc allez-vous sitôt, don Félix, sans me dire ce que vous êtes devenu ?

don félix.

Je vous dirai donc que nous avons arrangé votre affaire avec le prince, et qu’il est convenu que vous demeurerez ici prisonnier. Pour le moment, permettez que je profite d’une occasion favorable pour