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JOURNÉE II, SCÈNE II.

laura.

Et si ce n’était pas ce que vous supposiez ? si même c’était quelque chose de tout différent ?

don félix.

Je ne vous comprends pas.

laura.

Écoutez-moi, et vous me comprendrez.

don félix.

Vous en irez-vous après, si je vous écoute ?

laura.

Oui.

don félix.

Eh bien ! parlez.

marcela, à part.

Attention, ici. Que j’ai peur !

laura.

Je n’essayerai pas de vous nier qu’il y eût un homme dans la chambre.

don félix.

J’attendais de vous une protestation d’attachement, de fidélité, d’amour, des paroles consolantes et de tendres assurances ; et au lieu de cela, vous avouez votre injure ! Comment ne sentez-vous donc pas qu’en me la rappelant vous la renouvelez ?

laura.

Si vous ne m’écoutez pas jusqu’à la fin

don félix.

Qu’avez-vous à me dire encore ?

laura.

Une chose qui vous rassurera.

don félix.

Vous en irez-vous après, si je vous écoute ?

laura.

Oui.

don félix.

Eh bien ! parlez.

marcela, à part.

Je tremble !

laura.

Vous nier qu’il y eût un homme dans la chambre et que Celia lui en ait ouvert la porte, ce serait infâme et cruel, parce que ce serait une cruauté, une infamie, que de nier en face à un homme ce dont il ne peut douter. Mais pareillement, de votre part, penser que j’aie ainsi manqué à mon amour, à mon honneur, c’est une injuste cruauté ; car mon honneur et mon amour sont dans mon cœur aussi purs que le soleil.