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JOURNÉE I, SCÈNE II.

don félix.

Vous l’avez donc laissée aller seule ?

lisardo.

Oui, sans doute. Elle l’a exigé avec instance, en me disant que ma poursuite mettrait en péril sa vie, son honneur.

don félix.

Voilà une étrange femme !

lisardo.

Bien étrange vraiment !

marcela.

Je suis sur les épines.

silvia.

Ces hommes sont tous d’une indiscrétion

don félix.

Et vous ne savez pas qui elle est ? Vous ne l’avez pas vue ?

lisardo.

Si fait. Je ne l’aurais pas laissée échapper autrement. Ça été ma condition.

don félix.

Achevez donc alors. Dépeignez-la-moi.

lisardo.

Ah ! mon ami, qu’elle est belle !

marcela.

Je tremble, Sylvia.


Entre CELIA avec sa mante.
celia.

Seigneur don Félix, une femme voudrait vous parler en secret.

don félix.

Cela est aisé.

marcela.

Grâces à Dieu ! elle arrive à propos. Elle est un ange pour moi.

lisardo.

Ce n’est pas, je vois, le moment que j’achève mon histoire.

don félix.

Tantôt, si vous voulez. Permettez, pour Dieu ! qu’à cette heure je parle à cette femme. C’est la suivante de ma dame.

lisardo.

Que je meure si ma prédiction n’est pas près de s’accomplir ! Un tiers vous gênerait ; adieu, à tantôt.

Il sort.
don félix.

Quel motif t’amène, Celia ?

celia.

Ne vous étonnez pas que je ne sois pas venue plus tôt. Il me faut