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JOURNÉE I, SCÈNE II.

le capitaine.

Sergent, porte d’abord mes effets au logis, et ensuite reviens m’avertir.

Ils s’en vont.

Scène II

Une rue à l’entrée de Zalaméa.
Entrent MENDO, gentillâtre ridicule, et NUÑO.
mendo.

Comment va le grison ?

nuño.

Pauvre bête ! il ne peut plus se tenir.

mendo.

As-tu dit à mon laquais de le promener un instant ?

nuño.

Voilà une agréable ration !

mendo.

Il n’y a rien qui délasse autant les animaux.

nuño.

Pour moi, j’aimerais mieux de l’avoine.

mendo.

Et mes lévriers, as-tu dit qu’on ne les attachât point ?

nuño.

Ils en seront fort contens, mais pas le boucher[1].

mendo.

Assez ; et puisque trois heures viennent de sonner, donne-moi mes gants et un cure-dents.

nuño.

Croyez-vous tromper le monde avec ce cure-dents ?

mendo.

Si quelqu’un osait penser en lui-même que je n’ai pas mangé à mon dîner un faisan, je suis prêt à lui soutenir ici et partout ailleurs qu’il en a menti à part soi.

nuño.

Eh ! ne vaudrait-il pas mieux me soutenir moi-même ? car enfin je suis à votre service.

mendo.

Quelles sottises !… À propos, n’est-il pas arrivé ce soir des soldats dans ce village ?

nuño.

Oui, mon seigneur.

mendo.

Pauvres roturiers ! n’est-ce pas pitié de leur voir toujours des hôtes nouveaux ?

  1. Parce que ces lévriers affamés iront voler chez lui.