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O pouvoir du temps et des révolutions qu’il traîne à sa suite ! Un ministre de Calvin repose, non loin de ce Charenton où la reforme vit ses autels renversés, son temple démoli et ses prédicateurs proscrits ? Il repose sous cette terre où un Jésuite venoit sans doute quelquefois méditer ses plans d’intolérance et de persécution ! Oh ! si Claude[1] et Jurieux pouvoient sortir de leurs tombes lointaines, et revenir sur les routes d’où ils pouvoient apercevoir les hauteurs de Montlouis ! s’ils apprenoient que le tombeau d’un descendant des illustres Mestrezat, de Genève, domine au loin les alentours de Charenton, ne penseroient-ils pas d’abord que toute la France professe la doctrine qu’ils défendirent avec tant de courage et de talent ? Et quand ils auraient su qu’un monarque, protecteur de toutes les consciences, de tous les cultes, est l’auteur de ce grand phénomène ; qu’après avoir assuré les droits de toutes les religions, il commence à rassembler les morts dans les mêmes sépulcres, en attendant qu’il puisse déterminer

  1. Tout le monde sait que le ministre Claude fut l’adversaire le plus redoutable que le grand Bossuet eut à combattre, et que dans une conférence théologique, celui-ci désespéra un instant de la victoire.