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pour cette indépendance dont la plupart des gens de lettres ignorent le prix et les douceurs, il crut que chaque démarche qu’il feroit pour se procurer un sourire de l’autorité, et une promesse de la fortune, seroit un chaînon qu’il se forgeroit, en attendant cette longue et humiliante chaîne des récompenses et des faveurs. Ce fut par ce même amour de l’indépendance que, dédaignant ces moyens vulgaires qu’emploie le commun des écrivains pour se faire annoncer par les trompettes de la renommée, il ne voulut devoir qu’à ses ouvrages le maintien de son ancienne célébrité. Mais il connoissoit mal la fin du siècle dont le commencement l’avoit vu naître ; et il ignoroit sans doute qu’aujourd’hui, pour être lu et admiré, il faut faire antichambre chez un journaliste, comme chez, le ministre dispensateur des places et des pensions.

O d’Arnaud ! puisse ton intelligence applaudir à l’hommage que je rends aujourd’hui à ta cendre et à ta mémoire ! Puissent tes ouvrages faire long-temps encore le charme des cœurs sensibles ! Puissent nos écrivains marcher sur tes traces, et devoir leurs triomphes au sentiment bien exprimé de l’honnête et du beau !