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« La plupart de nos gens de lettres
« écrivent avec leur tête et leur main ;
« mais M. d’Arnaud
« écrit avec son cœur ».
J. J. Rousseau.


Que ce peu de mots d’un des plus grands écrivains que la France ait produits, fait bien l’éloge des ouvrages de M. d’Arnaud ! Qui oseroit s’inscrire en faux contre le témoignage d’un homme qui savoit si bien apprécier le génie, et qui étoit si avare de louanges ? Pourquoi donc M. d’Arnaud vécut-il sans gloire, et presque délaissé ? Pourquoi cet écrivain si sensible, et qui posséda dans un degré si éminent le rare talent d’émouvoir et d’arracher des larmes à ses lecteurs, n’inspira-t-il qu’un foible intérêt dans sa longue vieillesse, et n’obtint-il aucune de ces récompenses littéraires, qui furent souvent prodiguées à la médiocrité intrigante et orgueilleuse ? C’est que, se connoissant bien lui-même, et doué d’une ame aussi élevée que sensible, il renonça aux succès, parce qu’il falloit les demander, et courir la chance des refus ; c’est que, passionné