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que le Ciel m’avoit donnée. Avec quelle fidélité je sus remplir les devoirs d’époux ! Père tendre, tous mes enfans furent également les objets de mes affections ; maître humain et généreux, mes ouvriers furent mes amis ; ami sincère et loyal, je goûtois toutes les douceurs de l’amitié, quand j’en procurois tous les avantages à ceux dont je méritai l’attachement. Sans doute une sévère économie maintint l’ordre dans ma maison, et la prospérité dans mon négoce, mais les établissemens honorables que je procurai à mes enfans, annoncent que, si je fus l’ennemi de la folle prodigalité, je le fus aussi de la sordide avarice. Aussi, de quel bonheur ineffable je jouissois, quand je pensois à ce nombre infini de mes concitoyens dont j’avois mérité l’estime et l’entière confiance, et à ces générations qui me devoient leur existence et leur bien-être ! Concevez, si vous le pouvez, la douce satisfaction que j’éprouvai en quittant la vie, quand l’idée me vint que je vivrois, après ma mort, dans le cœur de mes quarante-quatre enfans et petits-enfans.