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la tombe m’apprend que leur durée est finie : les livres m’apprennent que l’homme est mortel ; la tombe m’annonce qu’il est mort : les livres nous disent que la beauté est fragile, que la santé est un bien incertain, et que c’est folie de regarder la jeunesse comme un bouclier contre les coups du trépas ; la tombe nous crie, d’une voix imposante et terrible, que la beauté n’est plus, et que la santé et la jeunesse ont été vaincues et terrassées par cet ennemi qu’elles regardoient comme si peu redoutable par son éloignement ; enfin, les livres nous menacent de ce qui doit être, et la tombe nous avertit de ce qui est.

Mais je vois un signe élevé ou gravé sur quelques tombeaux ; et ce signe est une croix. Cette croix, que m’annonce-t-elle ? Elle m’annonce que les dépouilles déposées sous ces tombeaux, entre les mains du temps, pour être un jour remises à l’éternité, appartiennent à des intelligences qui se glorifièrent du titre de chrétien. Oh ! combien, à l’aspect de ce signe auguste, je sens mon ame s’élever ! Avec quel respect religieux je m’approche des sépulcres qu’il distingue des autres ! O croix, instrument de supplice, de gloire et de salut, je me prosterne devant toi ! Quelle place plus honorable peux-