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un si grand nombre de jeunes et précieux individus des deux sexes ? Ah ! n’en doutons point, c’est à l’usage habituel des alimens les plus échauffans et les plus délicats, de ces liqueurs aussi dangereuses pour tous les tempéramens, qu’elles sont flatteuses pour tous les goûts, c’est à cette fureur pour les spectacles, pour les fêtes, pour les promenades nocturnes, qui fait braver à un si grand nombre de jeunes hommes et de jeunes femmes, et les lois de la nature, et les conseils de la sagesse, et les menaces d’Hygie ; c’est à ces modes enfin, fruits de l’intérêt, du caprice, de l’imprudence et de la vanité, et fléaux éternels de la santé et de la fortune, que le champ du repos doit cette jeune population, déplorable ornement de ses tombeaux. O jeunes Hommes ! ô jeunes épouses ! si vous pensez -que la mélancolie me porte à l’exagération, et que, moraliste atrabilaire, je ne cherche qu’à vous inspirer une terreur dont je ne suis pas pénétré moi-même, venez et voyez ; contemplez ces tombes, et lisez les inscriptions douloureuses que des mères ou des époux inconsolables ont fait graver sur la pierre pour indiquer l’endroit où repose la cendre de leur jeune fils ou de leur jeune épouse.