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foible et devot cardinal de Fleuri se trouvoit à la tête des affaires. Au lieu de se réunir contre l’ennemi commun de toutes les religions, ces imprudens et aveugles théologiens continuèrent à se disputer, à s’anathématiser, à se persécuter. Forte de leurs divisions, et de son chef, la philosophie gagnoit du terrain, et attiroit sous ses drapeaux les hommes de tous les états, qui n’avoient pas assez de lumières pour distinguer les dogmes du catéchisme des cinq fameuses propositions de l’évêque d’Ypres ; ou ceux, qui, fatigués des disputes de religion, rejetoient toute croyance pour n’entrer dans aucun parti.

Cependant cette célèbre et puissante société qui défendoit les opinions de Molina, se présentoit comme un corps redoutable qui paroissoit devoir braver long-temps tous les efforts de la philosophie. O profondeur de la sagesse humaine ! ô aveuglement de l’esprit de secte et de disputes ! à quoi se résolurent les philosophes pour renverser ce fameux colosse ? Ils se rapprochèrent des jansénistes qui, flattés d’en être recherchés, consentirent à unir leur haine au mépris de la philosophie, et se liguèrent avec ceux qui devoient un jour détruire l’autorité pour accuser leurs ennemis de conspirer le ren-