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révolution, doué des plus grands talens et lancé dans le grand monde, dans ce monde qui n’avoit conservé de la cour de Louis-le-Grand, que cette politesse exquise qui la rendoit le modèle des autres cours de l’Europe, dans ce monde où la plaisanterie avoit remplacé la discussion, et où le sel d’un mot, l’esprit d’un couplet, faisoient passer de bouche en bouche l’impiété qui s’y trouvoit cachée ; ce jeune homme, dis-je, passa la mer pour exploiter la philosophie angloise, et apporter dans son pays cette nouvelle et dangereuse cargaison.

Ce fut quelque temps après son retour, que parurent ces libelles où la nation fut tout étonnée de lire une doctrine qui ne tendoit à rien moins qu’à substituer à son antique croyance religieuse les dogmes de l’athéisme, et qu’une classe d’hommes instruits dont le nombre augmentoit chaque jour, prétendit soumettre au calcul et à l’analyse les principes de la révélation chrétienne : ces hommes se donnèrent le nom de philosophes ; et ce nom leur resta, comme s’il eût été sans conséquence.

Ainsi donc les philosophes entrèrent dans l’arène où les diciples de Jansénius et de Molinas, se livroient de nouveaux combats, depuis que le