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dépend du « moment magnétique résultant » que possède un édifice moléculaire, et varie en fonction des effets antagonistes du champ orientant et du désordre créé par l'agitation thermique. Cette théorie de l'orientation moléculaire, et les conséquences du plus haut intérêt que Paul Langevin lui-même en a déduites, ont suscité depuis, dans des domaines très divers, de très nombreux travaux qui se poursuivent encore aujourd'hui. En particulier, la théorie prévoit que la suppression du champ magnétisant doit s'accompagner d'un abaissement de température d'autant plus fort qu'on part d'une température plus basse. La réalisation de ce phénomène a été obtenue pour la première fois par De Haas, qui a pu atteindre par ce moyen une température de 0,25°K[1]. Séduit par toute l'évolution de la théorie électromagnétique, Paul Langevin va y apporter une contribution aussi fondamentale par les développements de la théorie elle-même que par les conséquences philosophiques qu'il en a déduites. Il n'est possible d'en donner ici qu'un rapide aperçu. Reprenant, à partir des conceptions de Joseph John Thomson et Lorentz, l'analyse de la distribution des champs électrique et magnétique créés dans l'espace par une particule électrisée en mouvement uniforme, il montre comment ce « sillage » se modifie quand on communique une accélération à la particule : « onde d'accélération », qui constitue à grande distance le rayonnement émis, implique pour la particule une inertie[2] supplémentaire d'origine électromagnétique. Cette dernière notion devait prendre bientôt une signification beaucoup plus générale. Considérant alors le difficile problème inverse de l'action des champs extérieurs sur les électrons, il démontre pourquoi tous les essais d'interprétation mécanique des problèmes électromagnétiques et optiques conduisent nécessairement à des impossibilités. Les conséquences de ces conclusions quant à la validité — considérée

  1. Par le même procédé, on parvient aujourd'hui à 0,001°K (0°K = — 273,16°C).
  2. L'inertie d'un corps mesure la résistance qu'il oppose à un changement de sa vitesse.