Page:Cahiers rationalistes - 1972 - n° 288-289 (extrait Hommage à Paul Langevin, La vie l’œuvre et l’action).djvu/33

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geste est d'aller donner son adhésion au Parti communiste — décision longuement mûrie depuis plus de deux ans — « pour y remplacer », dit-il, « son fils spirituel », Jacques Solomon. Tant d'émotions ont raison de ses forces défaillantes, et il doit observer quelque temps un repos absolu. Mais, réintégré dans ses fonctions, dès qu'il revient à son bureau de l'EPCI, les sollicitations affluent à nouveau de toutes parts, les anciens groupements, le Parti, les associations nées de la Résistance, tous tiennent à honorer en lui le grand patriote si durement éprouvé. Il se fait un devoir de remplacer, à la présidence de la LDH, Victor Basch, le vieux compagnon de lutte qui, à plus de quatre-vingts ans, a été, avec sa femme, sauvagement assassiné par la milice en 1944. Il rétablit l'Union rationaliste, assume plusieurs autres présidences, et il est élu Conseiller de Paris. Tant de dispersion, avec les longues réunions qu'elle entraîne, lui imposera une extrême fatigue, inavouée mais évidente pour ses proches. Dès avant son retour en France, deux questions étaient au premier plan de ses préoccupations : redonner vie à « La Pensée », revue créée par lui en 1939 et dont la publication s'était tant bien que mal poursuivie pendant la clandestinité sous le titre de « Pensée libre » ; et oeuvrer à une vaste réforme de l'enseignement qui assure à la France les conditions les plus favorables à son redressement. Ces voeux seront exaucés : très vite, il réussit à grouper un assez grand nombre d'amis progressistes qui collaborent à la nouvelle série de la revue, dont le premier numéro sort dès le dernier trimestre 1944. Et le gouvernement provisoire de la République, conscient des problèmes urgents que pose au pays libéré l'éducation des jeunes, crée en novembre une Commission ministérielle pour la réforme de l'enseignement, dont la présidence lui est confiée. Aidé par deux vice-présidents, dont son ami Henri Wallon, psychologue de l'enfance, Paul Langevin s'entoure d'une vingtaine de membres permanents choisis dans toutes les branches et dans les divers degrés de l'enseignement (primaire, secondaire, supérieur, technique) jusqu'alors complètement