Page:Cahiers rationalistes - 1972 - n° 288-289 (extrait Hommage à Paul Langevin, La vie l’œuvre et l’action).djvu/22

Cette page n’a pas encore été corrigée

réalisations nouvelles qu'il découvrait en matière sociale ou éducative. En 1928, il fait un cours d'été à l'Université de Buenos-Aires, où il séduit les étudiants par son extraordinaire jeunesse de caractère, entonnant à la fin d'un dîner des chansons estudiantines françaises.

Mais, de tous, le voyage qui lui apporta les plus grandes joies fut celui qu'il accomplit en Chine en 1931-1932 comme membre français d'une mission culturelle d'experts, sollicitée auprès de la SDN par cet immense pays aux quarante millions d'enfants d'âge scolaire qui posaient aux dirigeants des problèmes fort complexes. Parcourant pendant trois ou quatre mois villes et campagnes, il reçoit partout les marques déférentes de l'exquise politesse chinoise. Sensible aux efforts déjà accomplis, il conseille avec bienveillance bien plus qu'il ne critique. Il apprécie les dons artistiques remarquables qui se manifestent dans toute la jeunesse, et que la mission, d'un commun accord, recommande de préserver au travers des indispensables progrès techniques.

Aimant la vie dans tout ce qu'elle offre de bon et de beau, le grand savant ne dédaigne pas les plaisirs de la gastronomie, et goûte fort la cuisine chinoise, aussi raffinée — pense-t-il — que la cuisine française! Il admire intensément la beauté des grands paysages de Chine, la lumière du ciel de Pékin, et tous les trésors d'art accumulés au cours des siècles ; mais davantage encore peut-être, la richesse intellectuelle et morale de cette vieille civilisation pleine de sagesse, avec laquelle il se sent en affinité profonde parce que les vertus fondamentales en sont celles qui concernent les relations entre les hommes. Un seul point noir dans ce beau ciel de Chine, le déchaînement de barbarie que constituent les attaques japonaises sur les grands ports, en la présence impassible des navires d'Occident. Là-devant, son indignation est profonde, et il ne l'oubliera jamais. Ce voyage fut le dernier que Paul Langevin put accomplir au loin à des fins purement culturelles, et dont il goûta encore pleinement la joie. A son retour en Europe, au début de 1932, le climat s'était déjà assombri, et devait lui laisser de moins en moins de liberté d'esprit. La publication, par l'Institut de coopération culturelle, du rapport des experts sur leur mission en Chine lui donna l'