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front ses multiples tâches d'ordre scientifique et des activités de plus en plus importantes sur le plan humain et social. En 1925, il est nommé directeur de cette Ecole de physique et chimie à laquelle il a déjà, en qualité de directeur des études, consacré beaucoup d'efforts et de dévouement, et qui, sous sa haute autorité, deviendra bientôt un établissement supérieur de premier plan. Dans son bureau (dont il ne refuse jamais l'accès!), les visiteurs affluent dès lors de plus en plus nombreux : les uns pour consulter le savant au jugement si sûr, les autres pour solliciter de l'éducateur éclairé, ou du citoyen épris de justice, une participation à laquelle on attache de plus en plus de prix. La restriction des « jours de visite », dont il finit par accepter le principe, ne diminue guère cet envahissement : vers la fin des années vingt, c'est à plusieurs dizaines que s'élève la liste des associations dont il est membre actif, ou même président effectif. Les petits agendas de ce temps-là, dont presque toutes les pages sont bourrées de rendez-vous, témoignent de l'incessant labeur qu'il s'imposait, sans souci pour sa santé qui, en dépit d'une parfaite maîtrise de soi, se ressentit souvent d'un tel surmenage. Depuis la fin de la guerre, Paul Langevin s'est penché avec un intérêt croissant sur les questions d'enseignement et d'éducation. Bien des fois, dans de remarquables conférences, il a souligné les défauts de notre enseignement secondaire scientifique, beaucoup trop « dogmatique » et strictement « utilitaire », alors que la science en plein essor devrait fournir une riche moisson d'idées neuves, particulièrement fécondes pour le développement de l'esprit. Par ailleurs, il voit dans les progrès de la culture populaire l'un des facteurs essentiels de la solution des problèmes sociaux. Aussi donne-t-il volontiers sa participation aux organismes qui travaillent dans ce sens. Il accepte, entre autres, en 1922, la présidence de la Société française de pédagogie où, pendant une quinzaine d'année, il s'efforcera de favoriser les contacts entre les maîtres de l'Université et les instituteurs dont le dévouement est exemplaire, mais dont l'isolement dans leur cadre est peu favorable au perfectionnement de leur culture. En 1928, il devient aussi président du Groupe français de la Ligue internationale pour l'Education nouvelle, dont il sera jusqu'à sa mort l'un des grands animateurs.