Page:Cahiers rationalistes - 1972 - n° 288-289 (extrait Hommage à Paul Langevin, La vie l’œuvre et l’action).djvu/14

Cette page n’a pas encore été corrigée

écho des plus grandes profondeurs océaniques. Si, pour la détection en surface, le radar a remplacé aujourd'hui le quartz piézo-électrique, ce dernier a pris une importance primordiale comme stabilisateur de fréquence dans tous les circuits électroniques, notamment dans certains organes régulateurs du radar. Et l'horloge à quartz permet les mesures de temps avec une très haute précision. Bien d'autres recherches encore, appuyées sur la même technique, ont été poursuivies au cours du dernier demi-siècle dans des domaines très divers de la science pure ou appliquée. Après la guerre de 1914-1918, la Marine française se désintéressa des progrès de la technique ultrasonore dans la détection sous-marine. Fort heureusement, il n'en fut pas de même de l'Amirauté britannique, à qui tous les documents avaient été communiqués. Au cours de la dernière guerre, les émetteurs reçurent d'autres perfectionnements, et, sous le nom d'Asdic, permirent de gagner la bataille de l'Atlantique, jusque là tragiquement compromise[1]. Cette assurance, apportée au grand savant au lendemain de la Libération, fut pour lui, vers la fin de sa vie, une bien grande et légitime satisfaction.


Vers l'action sociale

La cessation des combats de la première guerre mondiale marqua, on le sait, non le retour à une paix véritable, mais le début d'une ère profondément troublée. C'est donc dans un climat peu propice à la sérénité que les intellectuels revinrent à leurs travaux. Au savant dont la générosité de coeur égale la lucidité d'esprit, il n'apparaît désormais plus possible de faire un choix entre ces deux formes d'activité a priori contradictoires, celle, essentiellement intérieure, de l'homme de science, si conforme à son goût profond, et celle, presque tout extérieure, de l'homme d'action. En cette période de sa pleine maturité de pensée, Paul Langevin se dépense alors sans compter, réussissant à mener de

  1. Au moment de leur mise en service, les destructions causées par les sous-marins allemands atteignaient le rythme effarant d'un million de tonnes par mois, elles régressèrent en peu de temps à quelques tonnes.