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Cahiers du Cercle Proudhon


« SATELLITES DE LA PLOUTOCRATIE »


« Une Société qui repousse, définitivement et par instinct, la guerre et l’esprit de conquête est en décadence : elle est mûre pour la démocratie et le régime des épiciers.
Nietzsche, Volonté de puissance, t. II. p. 122.


Deux grands faits dominent notre histoire toute contemporaine : l’audace de l’Italie entreprenant sa guerre de Tripoli, au nez et à la barbe de l’Europe et nonobstant les mines scandalisées de cette vieille hypocrite ; et, plus audacieuse encore, si possible, parce que venant de petites puissances, l’initiative guerrière des peuples balkaniques, qui, las de se laisser berner par de vaines promesses et pleins d’une volonté héroïque, ont décidé de rejeter le Turc en Asie — tout simplement. Un spectacle d’un haut comique, ce fut l’attitude de l’Europe ploutocratisée en face de ces deux initiatives guerrières — une attitude de vieille catin à la retraite, toute confite en pacifisme comme l’autre en dévotion, et qui, devant l’irruption du fait guerrier, pousse des cris d’orfraie, comme une personne dont la pudeur, sur un tard, est devenue extrêmement chatouilleuse et pincée.

On se rappelle encore quel tombereau d’injures la presse allemande déversa sur cette pauvre Italie pour avoir eu l’incroyable audace de déclarer la guerre à ces excellents Turcs, de si bons élèves et clients germaniques, comme chacun sait ; quant à ces petits peuples balkaniques, qui viennent de se lancer, malgré les avis de la prudente et vieille Europe, dans une guerre folle, où ils ont, par-dessus le marché, le toupet d’être