Page:Cahiers de la quinzaine, série 9, cahier 1, 1907.djvu/56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

méthode, fait exactement et symétriquement la contrepartie comme complémentaire de cette autre, de cette apparemment contraire (au fond c’est la même) méthode, si connue, devenue classique, par laquelle, qui consiste à ce qu’un parti (politique, national, religieux, intellectuel, un parti de toute sorte) prenne, ramasse un nom et s’en habille et s’en loue et s’en flatte, un nom qui lui avait été jeté comme dans la boue de la bataille par le mépris de l’ennemi, le procédé, la méthode par laquelle on nous a raconté dans tous nos cours d’histoire que les Gueux de Hollande avaient enfin pris ce nom, par laquelle, sans en chercher si long, et sans aller, sans chercher si loin, nous avons nous-mêmes bel et bien pris ce nom de dreyfusards. Sans être hollandais. Mais je me trompe. C’est au moins aussi loin que la Hollande, à présent. Ces deux méthodes de nommer, ou plutôt ces deux parties complémentaires, apparemment contraires, apparemment adverses, de la même méthode, ces deux faces de la même méthode, au fond aussi intérieures et personnelles l’une que l’autre, cette méthode intérieure et personnelle est la meilleure méthode, la seule manière de nommer. Elle est la seule qui donne du jaillissement, du spontané, du ton, de l’intérieur, du creux. Elle est la seule qui donne un nom qui ressemble à l’objet nommé, qui ait la même tête que l’objet nommé, parce qu’il vient du dedans, parce qu’il sort de l’intérieur de l’objet nommé, ou, dans le cas des ennemis, d’un extérieur qui est un (autre) intérieur, étant une réplique, voulant atteindre l’intérieur, qui est en un sens le même, qui a une prétention, une pénétration, une atteinte intérieure, qui par la haine vaut un intérieur. Quand deuxièmement