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tribuable, particulièrement universitaire à éditeur. On le sait de reste, je n’y insiste pas. Ce que tout le monde ne sait peut-être pas, parce que tout le monde ne vient pas me voir, et il a bien raison, c’est que je suis un pauvre innocent, un pauvre homme qui n’ai point, comme nos grands génies, contemporains, des ressources infinies. Paris est plein de gens qui savent toujours écrire du nouveau, et dire autre chose. Admirons ces gens de Paris. Pour moi, l’inépuisable fécondité d’un Léon Blum et de ce nombre inépuisable de nos salonniers m’a toujours plongé non pas tant dans un rêve que dans une espèce d’hébétude. J’admire, et ne peux point imiter, à ma grande honte, j’admire tous ces grands hommes, nos contemporains chez eux, qui ont un nombre indéfini d’écritures, et un nombre non moins indéfini de propos, autres. Je n’ai qu’une écriture, on me l’a dit assez. Et je n’ai aussi qu’un propos. Et ce qu’il y a de plus désagréable, c’est que le propos est tout le même que l’écriture. Je dis ce que j’écris. J’écris ce que je dis. Je disais donc à l’instant que lorsqu’un de mes plusieurs amis universitaires veut bien venir me voir, et que nous commençons à causer, il ne se passe pas un nombre de minutes que j’ai déjà oublié, mais qui est mis quelque part sur un écrit, sans que je radote et que je me mette à sortir une certaine opposition, qui commence à être connue, par exemple entre universitaire et industriel. En quoi je ne fais que suivre un des exemples de notre bon maître M. Sorel. Si obtus que je sois venu au monde moi-même, et que je sois demeuré, je n’ai pas été sans remarquer comment tournent, généralement à ce moment-là, ces entretiens. C’est à ce point en effet que mes amis universitaires me serrent généralement la