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temps-là. Presque, En tout cas beaucoup plus qu’à présent. Et je ne parle pas seulement de l’Égypte et de l’Asie plus ou moins Mineure, de la plus antique Égypte et des pestes de Jaffa et de Saint-Jean-d’Acre. Ils n’ont pas seulement fait une partie de l’ancien continent, désiré l’Inde et le plus grand Orient (Bonaparte). Ils n’ont pas seulement épuisé presque le monde méditerranéen, de l’Espagne au Caire, et aux Pyramides. Ils avaient commencé par l’autre continent. Ils avaient commencé par la fin, par le (petit) dernier. Ce qui ne pouvait qu’entrer joyeusement dans leur méthode générale. Ils avaient commencé, ils avaient pris soin de commencer par le Nouveau Continent, par le jeune Continent qu’était alors le Nouveau Continent. Par la libre Amérique ils avaient commencé. Car, n’est-ce pas, toute cette sacrée histoire de la Fayette et de Rochamheau, dont on nous fait à présent des histoires en bronze, des statues en bronze, avec des chevaux en bronze, qui brandissent des épées en bronze, précisément sur le parcours de Passy-Hôtel-de-Ville, à deux pas des rails, et il y a même un arrêt, exprès, mais la statue n’est pas comme celle du Commandeur : elle n’est jamais montée, dont on nous fait des cérémonies et par-dessus nos têtes de très chics banquets franco-américains, tout ça c’était déjà le commencement de la Révolution française et de l’Empire ; une espèce de grande fête ; militaire ; toute une race, tout un peuple devenant maboule à la fois, toute une nation, et se mettant à s’occuper de tout ce qui ne la regardait pas.

Une autre définition de l’épopée : Se mêler (frénétiquement) de tout ce qui ne vous regarde pas.

Notamment, pour un peuple, se mêler du monde ; assumer la conduite temporelle du monde ; régenter l’histoire.