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qui regarde l’une, quand on parle de l’autre. Je prie donc qu’on me permette quelques détails qui, je le redis encore, pourront paroître ici tenir par trop de points à la médecine, mais sans lesquels pourtant on ne sauroit faire entendre la méthode philosophique de ce grand homme[1].

Hippocrate n’eut pas seulement ses propres observations à mettre en ordre : il étoit le dix-septième médecin de sa race ; et de père en fils, les faits observés par des hommes pleins de sagacité, que la lecture des livres ne pouvoient distraire de l’étude de la nature, avoient été successivement recueillis, entassés et transmis comme un précieux héritage. Hippocrate avoit d’ailleurs voyagé dans tous les pays où quelque ombre de civilisation permettoit de pénétrer ; il avoit copié les histoires de maladies, suspendues aux colonnes des temples d’Esculape et d’Apollon ; il avoit profité des observations faites et des idées

  1. C’est à mon célèbre ami et confrère Thouret, directeur et professeur de l’école de médecine, à nous développer la doctrine d’Hippocrate, et à nous en bien faire connoître la philosophie, la sage hardiesse et l’imposante simplicité.