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l’admiration funeste de quelques amis sans discernement, les pousse dans une route contraire ; si, non contentes de plaire par les grâces d’un esprit naturel, par des talens agréables, par cet art de la société qu’elles possèdent, sans doute, à un bien plus haut degré que les hommes, elles veulent encore étonner par des tours de force, et joindre le triomphe de la science à des victoires plus douces et plus sûres : alors, presque tout leur charme s’évanouit ; elles cessent d’être ce qu’elles sont, en faisant de très-vains efforts pour devenir ce qu’elles veulent paroître ; et perdant les agrémens sans lesquels l’empire de la beauté lui-même est peu certain, ou peu durable, elles n’acquièrent le plus souvent de la science, que la pédanterie et les ridicules. En général, les femmes savantes ne savent rien au fond : elles brouillent et confondent tous les objets, toutes les idées. Leur conception vive a saisi quelques parties ; elles s’imaginent tout entendre. Les difficultés les rebutent ; leur impatience les franchit. Incapables de fixer assez long-temps leur attention sur une seule chose, elles ne peuvent éprouver les vives et profondes jouissances d’une méditation forte ; elles en sont