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et dans les malheurs qui l’accablaient, il crut apercevoir des signes précurseurs des prophéties. En 1007, une peste épouvantable désola tout notre pays, elle se déclara de nouveau vers 1012. Ses ravages étaient prompts et affreux. Plus de la moitié de la population succomba, et, parmi ceux qui survécurent, il n’y en avait point, dit un agiographe qui, en rendant les derniers honneurs à leurs parents, ne s’attendissent à les suivre bientôt dans le tombeau.

« Aux ravages de la peste, succédèrent ceux des inondations et d’une famine cruelle qui se répandit sur toute la terre et menaça les hommes d’une destruction presque complète. Les éléments conspiraient contre les hommes. Les tempêtes arrêtaient les semailles, les inondations ruinaient les moissons. Pendant trois années, le sillon resta stérile. »

C’est dans ces tristes circonstances qu’on voit plusieurs seigneurs affranchir les colons de leurs domaines dans l’attente de la fin du monde. En France, et dans la Flandre, les guerres particulières furent suspendues par la trêve de Dieu. Il semblait véritablement que le monde allait finir et que son heure fatale devait bientôt sonner. Mais cette société qui se croyait sur le point de mourir, allait revivre et montrer tout ce qu’elle renfermait en elle-même de force, de puissance, de foi et d’héroïsme.

Le XIe siècle voit s’ouvrir une ère nouvelle. Les hommes éprouvés par de longs malheurs sentent le besoin de se rapprocher. « Ne songez plus, répètent les évêques, à venger votre sang ou celui de vos proches, mais pardonnez à vos ennemis. » Dès-lors, l’élément chrétien