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ne trouvent de soulagement à leurs maux que dans la protection des évêques, des abbés et des prêtres, qui ne cessent de s’interposer entre les seigneurs, pour faire cesser ces guerres destructives où le sang des peuples coule à grands flots.

C’est sans doute à cette époque que furent établis dans nos contrées les asiles ou lieux-francs où les criminels, et les gens soupçonnés de crimes se réfugiaient. Ne serait-ce pas là l’origine du chemin des homicides, ou du franc Lincelles, qui traverse notre territoire, près du hameau de Sainte-Marguerite et qui va jusqu’au pays de Lalleu ?

On sait que ces chemins de franchise furent presque tous accordés à cette époque aux instances du clergé, afin de fournir un refuge aux innocents accusés, de laisser ainsi aux juges le temps d’examiner mûrement le cas incertain et douteux, de mettre les accusés à couvert de voies de fait, enfin de donner lieu aux évêques et aux prêtres d’intercéder pour les coupables, ce qu’ils faisaient souvent. Ces asiles ont sauvé la vie à un grand nombre d’innocents, injustement poursuivis par la fureur des vengeances particulières qu’on regardait comme permises à une époque où il n’y avait pour ainsi dire d’autres lois que celle du plus fort.

Mais, revenons à notre récit que nous empruntons presqu’entièrement à M. Kervyn de Lettenhove. « L’accord unanime de superstitions populaires, avait fixé à l’an mil, la fin du monde. A mesure que cette époque devenait moins éloignée, les terreurs augmentaient, l’imagination des peuples se montrait de plus en plus vivement frappée,