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ruine et désole tout le pays. On voit dans Balderic quels désordres affreux furent alors commis par les Francs dans ces contrées. « La rage de ces païens obligeait les fidèles à fuir dans de sombres retraites pour assister aux saints mystères. Et quand les barbares parvenaient à en rencontrer quelques-uns, ils les frappaient de verges ou les immolaient par le glaive. La plupart, réfugiés dans des caveaux ou conduits souterrains, y périssaient étouffés. Ainsi, plus de prêtres, plus de sacrifices ; les traces du culte divin disparaissaient partout. Les uns étaient précipités du haut des ruines chancelantes, les autres dévorés par ta flamme des incendies. Quelques-uns néanmoins, survivant et persévérant, se fortifiaient dans le devoir par de mutuelles exhortations, afin de ne pas défaillir au moment suprême. En surmontant la nature pour obéir à la religion, il leur était doux de songer que du moins, ils auraient une sépulture au sein de la patrie. Qu’avons-nous besoin, s’écriaient-ils, de survivre à notre religion sainte ? ne vaut-il pas mieux mourir en même temps qu’elle ? Quiconque, cédant à la crainte, abandonnait sa foi, était réputé sacrilège. Celui qui avait le courage d’accomplir son sacrifice, était proclamé vainqueur et triomphant. On voyait tomber au pied de l’autel les prêtres revêtus de leurs insignes, et, parmi les cadavres épars çà et là sur le sol, on les reconnaissait à leurs ornements sacerdotaux. Mais ce n’était pas contre le prêtre seul que s’acharnait cette fureur impie ; le peuple entier était voué au carnage. On violait à la fois les lois de Dieu et les lois de l’humanité… Le sang répandu