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lutionnaires sortira de la nation dont le génie s’exerce spécialement sur la critique, dont le caractère propre est de n’en point avoir.

Et comme les faits qui vont se passer sous nos yeux prendront des proportions gigantesques, comme la lueur sinistre des combats 20 se projettera sur une grande étendue de temps et d’espace, il est impossible que l’esprit français ne se traduise point par un grand travail d’universelle harmonie.

Pour compléter ma prédiction, j’ajoute que Rabelais, Montaigne, Molière et Beaumarchais seront encore beaucoup plus appréciés que maintenant ; — qu’ils deviendront réellement européens ; — que P. J. Proudhon le deviendra bien davantage ; — qu’il n’y aura pas un homme sachant lire qui ne rapproche la verve satirique du bon curé de Meudon des terribles paradoxes du Méphistophélès franc-comtois.

J’annonce encore que tous les grands auteurs européens seront lus en français ; — que cette phase littéraire sera bien véritablement la phase française généralisée.

Mais le Livre plus répandu que tous les autres, la véritable Bible du xixe siècle sera celui dont je viens de parler, bien moins national et spécial que tous les autres, et qui résumera les tendances des peuples et des hommes menacés de déluge.

Voilà ce que j’affirme avec autant d’assurance que la venue des Cosaques !

Et je sème en chantant !