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deurs si pures ; aucun nuage ne trouble la sérénité de l’atmosphère.

Alors tout se tait ; pas une rame ne fend l’onde, pas un instrument ne vibre, pas une voix n’interrompt le recueillement général.

Les Cieux redisent la gloire de l’Homme !

L’orchestre reprend par de longs soupirs, des exclamations rapides, des stances passionnées. On dirait l’explosion de la tendresse, l’emportement des désirs, la soif de l’âme éprise, la rage inassouvie des sens. La mesure se précipite, se retient, tempête, se cabre, pareille à un coursier qui lutte du poitrail contre les efforts de son maître. En même temps l’agitation des nacelles s’accélère, redouble. Elles se mutinent comme si elles étaient saisies de fureur ; elles glissent sur les eaux, se croisent et se traînent, languissantes, ainsi que des amants auxquels les baisers ne suffisent plus.

Le Tage redit la gloire de l’Homme !


Enfin l’orchestre éclate de toutes ses voix de bronze, de cloches, de grosses caisses et de canons. L’intervalle de ses silences est rempli par des chœurs formidables. La violence de l’amour ne peut plus être comprimée ; la féconde Amphitrite ne résiste plus aux transports furieux de l’amant qui la presse : la suprême seconde est venue dans laquelle il faut que deux êtres meurent d’amour ! !..

Alors les barques se serrent, se tassent, se pé-