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tient une couronne formée des rameaux du hêtre aux feuilles sanglantes et des fruits rouges du sorbier aimés des oiseaux. D’une voix sonore elle appelle le vainqueur et le couronne devant le peuple.

Le chœur chante :

« Rien ne résiste à l’homme. Quand les futaies ont atteint leur degré de croissance, quand le gui s’attache aux écorces, quand le noisetier ne porte plus de fruits, quand les épines voraces prennent de la force, quand les jeunes arbres sont étouffés par les vieux,… nous passons à travers, semblables à ces génies destructeurs dont les peuples scandinaves fixent le séjour parmi les grands sapins qui bordent leurs mers sombres ! »




Les vagues délirantes nagent sur la mer comme des ours blancs dont on voit la tête au milieu des glaçons. Sur le rivage aux 263 pierres grises, les spectateurs occupent des gradins disposés en fer-à-cheval. Tous les belvédères du paradis de Cintra sont animés par la présence de familles heureuses.

Au haut de la montagne russe, cirée comme un parquet, qu’il doit parcourir pour descendre à la mer, se balance l’Impavido, le beau steamer, si fort qu’auprès de lui ceux d’à présent feraient à peine le volume d’une coquille de noix.

Le long de ses cordages couverts de guirlandes et de fruits grimpent les petits mousses verts