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Marche maintenant, redresse-toi dans la brûlante arène : tu es vendu ! Quand le gladiateur combattait dans le cirque, quand la vierge chrétienne expirait sous les griffes du tigre, du moins l’amour de la patrie, de l’indépendance ou de la religion sanctifiait leur mort. Mais toi, chair achetée, tu mourras, comme le taureau de tes sacrifices, sans exciter un regret, sans faire couler une larme !

Ah ! si tu sens dans ta poitrine battre le cœur d’un homme ; s’il y passe avec le sang un nerf, un souffle divin, un rayon de tendresse, dépouille ce costume d’histrion, rejette loin de toi cette épée sanglante, prends quelque bonne profession qui te rende utile à tes semblables, et ne consume plus tes forces à détruire ce que tu ne saurais refaire.


Présidents des ayuntamientos d’Espagne ! cessez d’encourager et d’autoriser par votre présence des boucheries semblables. Si la nation vous donne le mandat impératif d’y figurer, si cela fait nécessairement partie de votre charge : refusez-la ! On trompe le peuple et lui-même peut se tromper, puisque c’est une réunion d’hommes, tous sujets à erreur. Mais toute magistrature cesse d’être honorable contre les attributions de laquelle la justice se révolte. Le comble de la malice humaine est d’humilier ses gouvernants jusqu’à les rendre complices de ses actes et de ses caprices les plus monstrueux, en les applaudissant.

Et vous, filles de cette terre immortelle, fem-