Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/277

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de ses poèmes ! Que ses fils en soient fiers : ils n’ont rien à envier à d’autres !


III


Mais pourquoi toutes ces pompes ? Pourquoi la calle d’Alcala regorge-t-elle de foule, de militaires, de cavaliers et de voitures, comme aux jours de révolution ? Pourquoi cet appareil des plus grandes cérémonies ?

Involontairement l’esprit se reporte à ces tournois du moyen-âge où la lance se brisait contre la lance, où le noble chevalier cherchait parmi les grandes dames la beauté qui portait ses couleurs. Ou bien l’on ramène sa pensée sur l’un de ces combats singuliers où Dieu prononçait entre deux champions illustres.

Hélas ! ce n’est rien de tout cela ; il ne s’agit que d’une besogne d’abattoir. Dans cette lutte, une dizaine de bouchers assommeront un pauvre animal, et Dieu sera du côté des coupables. Quant à ces petites bourgeoises, vêtues en châtelaines, elles vous appartiendront, comme à d’autres, si vous pouvez les payer. Ici le beau rôle est à la brute ; tous les êtres humains rassemblés dans cette enceinte sont plus farouches que le taureau qui va mourir.