Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/264

Cette page a été validée par deux contributeurs.

grands chanvres ; rien ne me diraient plus mon chien et mon fusil.

Quand je jouissais de tout cela, mon âme n’était pas encore 156 usée par le frottement des hommes, par six ans, tout un siècle ! de concubinage avec la médiocrité. — La Médiocrité ! la vieille fille maigre, rousse de cheveux, plombée de teint, tout en os, en rides, en griffes et en dents, toujours inassouvie, toujours fidèle, me ramenant tous les soirs à sa couche abhorrée ! —

Alors j’étais simple, neuf au bonheur. Et maintenant… Maintenant je serais un spectre au milieu de cette nature verte ! Et si j’allais m’asseoir parmi les herbes, auprès des eaux, je ressemblerais au cadavre rejeté par la tempête qui longtemps en a fait le jouet de sa fureur !