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«… Oh le brutal personnage, diront-ils, en me tournant le dos ! »


Pourquoi rentrer jamais parmi tous ces provinciaux à la panse bouffie ? Quelle nécessité de subir leurs regards hypocrites, leurs rires d’hippopotames, leurs éternelles digressions sur les grands intérêts de la localité, leurs appréciations politiques, philosophiques, théoriques, pratiques, critiques, diplomatiques, stratégiques surtout ? Comment les écouter, leur parler, leur répondre ? Comment vivre un seul jour au milieu de ces mangeurs, ribotteurs, chanteurs au lutrin, pêcheurs au budget et à la ligne ?… Oh ! je n’irai point.


Ces gens-là s’imaginent qu’un vagabond de mon espèce passe sous les cieux d’azur pour griffonner des relations de voyage, qu’il glisse sur les eaux vertes pour lire le guide du voyageur, qu’il se mêle au peuple pour décrire ses costumes et ne rien savoir de ses aspirations.

Moi, je contemple les vivantes étoiles et la transparence des flots ; je m’entretiens avec tous les êtres et ne veux pas les disséquer comme j’ai fait des cadavres. Si je regarde les ondes limpides, c’est pour m’y plonger. Si j’aime le gazon et l’ombre, c’est 154 pour m’étendre de tout mon long. Si j’adore la nature, c’est pour ne pas la salir d’encre !

Si je suis l’ouvrier dans ses travaux et ses fê-