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à l’échange des sympathies, ni le prix des voyages à leur fréquence. Le transport est à peu près gratuit ; le public rembourse seulement aux compagnies leurs frais d’exploitation.

— Ne vous frottez pas encore les mains, ne faites pas si vite vos malles, petits bourgeois crasseux. Avant qu’on puisse voyager ainsi, il faudra que toute aubaine ait disparu, que le Travail ait repris ses droits souverains, que votre race nuisible ait évacué la terre. —

Telle sera la Patrie de la Circulation attrayante et libre dans l’Avenir.


Que me parlez-vous des villes actuelles où l’on est entassé, foulé jusqu’à l’écrasement, cuit, rôti, gelé, trempé jusqu’aux os ?

— Villes aux faubourgs malsains, aux ruelles étroites, aux émanations infectes, aux expéditions nocturnes dans des fosses inexprimables ! Villes où se réjouissent les Maux contagieux, la Fièvre, la Scrophule, l’Écrouelle, la Vérole, le Scorbut aux dents grises, et leur petit frère le Rachitisme qui les suit, en boitant sur ses jambes tordues ! Villes où les poumons sont étouffés, les jambes fatiguées, les voix cassées, les génitoires taris, la peine centuplée, la mort hâtive ! Villes où les quartiers, les rues, les 143 places sont disposés d’après la fantaisie de gouvernants ou de capitalistes stupides ! Villes dont les chefs-d’œuvre d’architecture portent les noms des plus misérables des usuriers, des plus coquins des ministres, et