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Et ainsi s’est évanouie la patrie de mes rêves, la patrie de mon choix !

Souffle empesté du monde, contagion noire ! tu fais périr les jeunes hommes par milliers, tu les mords au cœur ainsi que l’insecte térébrant qui ronge la vigne fleurie. Oh pourquoi, pourquoi suis-je né dans un siècle où toute angoisse en appelle une autre, où les déceptions les plus cruelles sont le partage des plus aimants ?


Mais elle sera réalisée par ceux de l’avenir, la Patrie de mes songes, dans la forme où je l’annonce. Écoutez-moi :

La Patrie future est au Nord, au Midi, au Couchant, à l’Aurore, sous les Cieux, sur la Terre et l’Océan.

Elle ne dépend plus des caprices des despotes, des convoitises, des exploiteurs, des murailles, des haies, des comptoirs, des canons et des baïonnettes. Partout où deux cœurs battent à l’unisson, où deux intelligences vibrent d’un même frémissement, elle les relie, fil d’Ariane enchanté !


À deux lieues comme à deux milles, l’artisan, l’artiste et le poète sont associés par la pensée. L’homme du Nord se complète par celui du Midi, le faible par le fort, le réalisateur par le penseur, la femme par l’homme, l’enfant par le vieillard.

Un chef-d’œuvre s’ébauche à Copenhague et se finit à Rome. Une découverte est conçue à Madrid, exécutée à Paris, perfectionnée à Londres ou à