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Qu’on ne me parle pas de liens brisés, d’affections impitoyablement sacrifiées sur mon passage, d’un présent dédaigné comme un lourd embarras, d’un lendemain à plaisir assombri, d’un passé déchiré comme un testament inutile ! Qu’on ne me parle pas surtout de nobles cœurs associés à une existence semblable ! 134 Car alors je ne raisonne plus, je souffre de les voir souffrir ; à leurs douleurs je ne puis mettre un terme !

Un terme ! Ah l’universel cataclysme qui gronde sur les empires aura bien une étincelle de feu, une goutte d’eau des déluges pour brûler mes chaînes, pour étancher ma soif ! — En avant Révolution !


V


« Ahi serva Italia, di dolore ostello,
Nave senza nocchiero in gran tempiesta,
Non donna di provincie, ma bordello ! »
Dante.


Ce n’est pas la France que je pleure, c’est toute patrie. Dans un monde comme le notre il n’en est plus pour moi. Car les hommes esclaves et trompeurs ne sont plus rapprochés que par des intérêts de négoce.

« La Patrie actuelle ! je ne la connais pas. Elle est trop au gré des traités de 1815. trop rétrécie par les gouvernements, trop exploitée par les partis, trop dénaturée par le privilège, trop déformée par les préjugés, trop absolument immo-