Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tis et de sectes, fussent-ils les socialistes les plus célèbres, son développement de l’idée de l’anarchie bien au-delà de Proudhon, et toutes les beautés que recèlent ses écrits. Je suis loin de prendre parti pour cette théorie : je ferai remarquer, seulement, qu’elle n’est pas très différente de la théorie, assez fréquemment soutenue, qui fait sortir le triomphe du socialisme du chaos produit par les désastres d’une guerre universelle. La Commune de Paris n’en fut-elle pas, dans une certaine mesure, une confirmation ?

Cœurderoy fut induit en erreur par son amour des analogies. Il se laissa prendre à l’exemple apparent de la destruction de l’Empire romain par les barbares, peuples jeunes, du mélange de races qui s’en suivit, et de la victoire du christianisme, qui, avant la ruine de la société romaine par les barbares, aurait été aussi impuissant en face du pouvoir romain que l’est le socialisme en face de la société bourgeoise. Il se trompait, en outre, en se figurant le peuple russe comme un peuple jeune par excellence. Il y a en Russie, c’est vrai, une petite élite révolutionnaire, qui depuis un siècle se sacrifie pour son peuple ; mais les paysans russes, eux, dans leur immense masse, sont vieux comme les Byzantins, qui se perpétuent en eux par l’action de l’État et de l’Église. Cœurderoy s’égarera de plus en plus, quand il voudra prouver en détail, dans son livre