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temps frais et roses, la robe des prairies parsemée d’or, de pourpre et de vivant azur !

Adieu ! sombre Jura, fertiles cantons étendus sur ses flancs au soleil matinal : Berne, Vaud, Neuchâtel, et Fribourg, et Soleure ! Adieu ! Valais, Schwytz, Uri, Lucerne, Zug ! Oh je vous reverrai !

Adieu ! nature géante, si paisible et si fraîche où tout parle 103 d’amour, de calme, de bonheur ! Ô mortel impuissant, dans ton pauvre langage il n’est pas un seul mot pour traduire l’extase de l’être devant l’infini. Il faudrait un éclair !

Suisse, adieu ! Ton image bénie s’est gravée dans mon âme comme un céleste emblème de la Liberté sainte ! Qu’importent les trahisons de ceux qui te gouvernent, leurs décrets d’ostracisme ? Moi rebelle, je suis bien plus ton fils, bien plus le frère d’Arnold et de Guillaume Tell que les bureaucrates honorés du Conseil fédéral.

Bien-aimée Suisse, adieu ! Vois sur le sable ardent les pleurs que j’ai versés en composant ces strophes ! Crois ma douleur profonde, ma douleur infinie, mon amour éternel ! Et quand, sur ma paupière, pèsera l’heure suprême, apparais-moi, ma mère, avec tes monts, tes lacs et ton rouge étendard ! !