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ADIEUX À LA SUISSE.




Torino, Octobre 1854.


Rien, plus rien ; tout a fui comme un songe d’été. »
Hégésippe Moreau.


I


93 Ô Politique louche et sourde, vieille fille en enfance qui n’eus jamais d’amour, je te maudis ! C’est toi qui prétends être insensible aux plus chères passions de la nature humaine, et c’est toi misérable, qui m’interdis l’asile en la patrie de Tell !


Je n’ai pas été frappé d’exil le 13 Juin 1849, car je ne reconnais point la France pour la patrie de mon âme : je ne l’ai pas choisie. C’est à peine si je lui appartiens par l’esprit de révolte que m’inspirèrent ses émeutes récentes, les vexations subies dans mon enfance, et les grandes forêts où l’on oublie les hommes au son joyeux du cor.

Pour tout le reste je lui suis étranger comme à la Terre de glace, comme au Désert de sable. Les monotones répétitions de ses pédagogues ont rendu mon intelligence paresseuse, les luxurieuses minauderies de ses bourgeoises ont failli me