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les lira dans la partie Suisse du présent volume). Cœurderoy, avec Boichot, fit rapidement son Deuxième Voyage en contrebande, dont le récit est perdu ; par Bâle et Cologne ils arrivèrent à Bruxelles le 8 ou le 9 avril. Il fit des démarches pour obtenir de pouvoir séjourner en Belgique, où il aurait fréquenté les hôpitaux de Bruxelles et se serait créé de nouveau une existence comme médecin. Mais le 16 avril la police lui communiqua l’ordre de quitter la Belgique sur-le-champ ; moins de cinq heures après, il partait pour Ostende et Londres.

Il passa deux ans en Grande-Bretagne ; ses impressions y furent si tristes qu’il retrancha lui-même de ses souvenirs, lorsqu’il les publia, les chapitres relatifs à l’Angleterre, ne voulant pas qu’on les lût à côté des parties consacrées à la Suisse, à l’Espagne et à l’Italie, « les trois Grâces si fraîches, si radieuses de beautés, de merveilles ». Il motiva ainsi cette suppression : « J’ai craint cette tache de bitume pour cette robe de fées ». Il vit de près « la sombre misère de Londres », Whitechapel et Saint-Giles ; il visita les villes de travail incessant, Birmingham, Manchester et Sheffield. Seule l’Exposition universelle de Londres, de 1851, lui inspira quelques lueurs d’espoir pour un avenir de fraternité.

Il pratiqua encore la médecine, mais dans des conditions si fâcheuses que bientôt il y renonça