Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/138

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bohémien ; je puis tout emporter sur moi dans ce déménagement universel. Je n’ai rien à craindre des célèbres voleurs ; ils ne connaissent pas le prix de la parole. — Verbum sapientiæ !

Et je sème en chantant !


XXVIII


J’observe que dans les campagnes, les écoles et les ateliers, partout où l’homme est franc et simple, on se délivre décidément des manières apprêtées et de tous les esclavages qu’impose l’opinion. Là les individus ne s’appellent plus du nom de leurs pères. À moins qu’ils ne soient dénués de toute aptitude, on leur applique des surnoms qui répondent merveilleusement au côté remarquable de leurs personnes. De leurs baptêmes civil et religieux il n’est plus question que dans les actes officiels. — Dans les sociétés du bel-air, l’usage des sobriquets n’est pas moins répandu, bien qu’on ne les répète qu’à demi-voix.

Je ne sache pas un enfant gracieux, aimé de sa mère et de ses camarades ; je ne sache pas une femme jeune, intelligente et belle ; je ne sache pas un vieillard bienveillant et affable ; je ne sache pas un homme doué d’amour et de sensibilité qu’on désigne seulement par son nom légal. — Entre jeunes gens et jeunes filles, dans les familles unies, il y a des désignations qui répondent à tous les sentiments. L’antipathie, la sympathie, la protec-