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blable aux corps célestes dont les clartés, les rayons et la vitesse diffèrent à l’infini.

Oh ! que ton règne arrive, Liberté ! Que nous soyons bientôt délivrés du fatigant aspect des foules humaines surmontées de tuyaux de poële, râlantes dans leurs habits étriqués ! Ou bien, si l’empire de la mode et la race du Badinguet-Triomphateur doivent subsister toujours, qu’on en finisse donc au plus tôt avec les derniers vestiges de l’indépendance individuelle. Que les chirurgiens, les dentistes et les mouleurs se saisissent de l’humanité malade ! Qu’ils la ténotomisent, lui posent des râteliers d’ivoire, la coulent dans des étuis de plâtre et la portent, radieux, au palais de l’Exposition universelle ! Assurément ce sera le chef-d’œuvre du génie civilisé. — Notre premier père 64 avec sa feuille de vigne et son regard modeste : passe encore ! Mais le bourgeois avec son faux-col, son parapluie, sa voix arrogante et son œil vaniteusement niais : impossible !


XXII

Je travaille comme le semeur qui ne cause guère. Il regarde, écoute et note toutes choses, s’inquiétant fort peu des distinctions subtiles des gens aux grandes paroles, des faiseurs d’embarras.

J’observe que la Liberté renverse les usages qui s’opposent à sa marche, je remarque la Nature se vengeant des sociétés quand elles méconnaissent