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Sur les monts d’Italie, parmi les nuages bleus, les légères vapeurs, les sources cristallines, je vois danser l’Europe future, l’Europe artiste et libre : À ses flancs est nouée l’écharpe verte 62 et rose, le reflet terrestre de l’arc-en-ciel, le symbole de nos joies et de nos espérances. Elle tient à ses pieds la Mode agonisante, coiffée d’un chapeau-calèche, cuirassée d’un corset triple, gantée de chevreau, bottée à l’écuyère, armée d’un parasol et vaincue cependant.

De joyeuses multitudes l’entourent ; les airs tressaillent de concerts d’allégresse ; l’accord des harpes et des guitares, les éclats bruyants des instruments de cuivre sont répétés par les échos. Les danses et les rondes s’enlacent comme des guirlandes de fleurs. Rien ne peut aujourd’hui donner une idée de ce spectacle magnifique.

Oh ! les belles couleurs fraîches, variées et pures ! Oh ! les costumes aisés, gracieux, originaux et pittoresques ! Oh ! les mantilles, voiles, voilettes et basquines légères qui flottent dans le vent ! Oh ! les pantalons blancs, les turbans dorés, les calottes grecques, les panaches onduleux ! Oh ! les dolmans, les burnous, les talmas, les plaids d’Écosse, les vestes albanaises et palikares, les jaquetas castillanes et andalouses ! Oh ! les torsades déliées, les fines aiguillettes d’or et d’argent, les splendides broderies imitant les feuilles et les fleurs, les décorations de roses, d’œillets, de lys, de pervenches,