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État du pays avant la Révolution

parition du choléra asiatique à Montréal, dans le but d’assister les veuves et les orphelins laissés dans la misère par leurs soutiens naturels, donna du secours à 1,200 personnes. L’asile des orphelins protestants avait pour directrices Mesdames Duncan Fisher, Macdonnell, Ross, McCord. Plusieurs Québécoises formèrent une société pour promouvoir l’instruction dans la province. Les œuvres d’assistance publique catholiques avaient à leur tête des femmes remarquables. Leur bienfaisante action s’exerçait collectivement avec la discrétion que comporte la vraie charité. Les religieuses ont été appelées les abeilles de l’Église. Rien n’est plus vrai. Ces artistes anonymes ont construit de petites cellules blanches, régulières comme des alvéoles, d’où chaque âme qui s’envole laisse couler un rayon d’or. Éducatrices, infirmières, contemplatrices, missionnaires, leur dévouement fut infatigable. Elles en ont été récompensées dès ce bas monde, puisqu’une grande partie de l’île de Montréal leur appartient. Après avoir habité d’humbles maisonnettes en bois ou bâties à chaux et à sable, au bord de l’eau, leurs somptueux couvents dominent des hauteurs de l’antique Ville-Marie. Seigneuresses de Montréal, elles se recrutèrent d’abord parmi les meilleures familles de la métropole. Il n’était pas rare en ces siècles de foi de voir une héritière du plus grand nom dire adieu aux pompes de ce monde pour venir s’enfermer en ces saintes maisons et se consacrer au service du Seigneur, ce qui explique la distinction de manières et de sentiments, la politesse et le langage soigné des religieuses de ces institutions.